Pour Renaud Camus le Grand Remplacement, si colossal qu’il soit, et il l’est, n’est lui-même qu’une petite partie d’un phénomène plus large encore, ce qu’il a nommé le “remplacisme global”.
Dans ce phénomène, il croit reconnaître l’essence même de la contemporanéité post-moderne : le fait que tout, pour des raisons d’économie, de normalisation, de standardisation et de commodité, est remplacé par son double “low-cost”, dénaturé, déculturé, désoriginé, prolétarisé : Venise par son double à Las Vegas, la pierre par le syporex ou le parpaing, les lauzes par la rôle ondulée, le bois par le plastique, la ville et la campagne par la banlieue universelle, la terre par le ciment et le goudron, la littérature par le journalisme, le journalisme par l’“info”, le vrai par le faux, l’original par la reproduction, toutes les parties du corps humain par des pièces de rechange, l’histoire par l’idéologie, le destin des nations par la politique, la politique par l’économie, l’économie par la finance, le regard par la sociologie, le chagrin par les statistiques, le monde réel par le site touristique, les habitants par les touristes, les indigènes par les allogènes, les Européens par les Africains, les mères par les mères porteuses, les hommes par les femmes, les hommes et les femmes par les robots, les peuples par les peuples, l’humanité par la post-humanité, l’humanisme par le transhumanisme, l’homme par la Matière Humaine Indifférenciée (HMI).
Remplacer, tel est selon lui le geste central des sociétés post-modernes et peut-être bientôt post-humaines, trans-humaines. GPA, PMA, GRP (Grand Remplacement des Populations), ce ne sont jamais que les mêmes manipulations génétiques, la standardisation taylorienne appliquée à l’homme, le remplacisme à l’œuvre.